Centre international de formation pour l'enseignement des droits de l'homme et de la paix


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Vues d'Afrique n° 2

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L'éducation à la citoyenneté démocratique:
un moyen de lutter contre la discrimination à l'égard des femmes

par Maïmouna Tankoano

En tant que lieu d'acquisition de connaissances et de formation intellectuelle, physique et morale des enfants, l'école doit contribuer à assurer l'égalité des chances pour tous, fille comme garçon, homme comme femme.

En Afrique et, de façon générale, dans les pays du tiers monde, la femme a souvent un statut inférieur à celui de l'homme, expliquant ainsi son exclusion de plusieurs sphères d'activités.

Nombreuses sont les filles qui n'ont pas accès à l'école. Dans la mesure où les États signataires de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes se sont engagés à «modifier les schémas et modèle de comportement socioculturel» discriminatoire à l'égard de la femme, il devrait donc être possible d'assurer à tous l'accès à l'école et rendre mixtes toutes les écoles, y compris les écoles de formation spécialisée, qui sont souvent réservées aux seuls hommes.

L'école peut aider à la suppression de l'exploitation des femmes. L'égalité des droits à l'emploi et au travail, l'égalité dans la vie politique et publique, dans les lois d'accès aux services de sécurité sociale, dans les affaires légales et civiles, dans la famille, etc., sont autant de domaines où l'école peut aider les personnes soucieuses de promotion de la femme à faire avancer la cause du droit.

Mais comment?

Agrave; notre avis, il ne devrait pas y avoir de degré d'enseignement ni d'ordre d'enseignement où les droits de l'homme en général et les droits de la femme en particulier ne soient enseignés. Cet enseignement constitue un apport essentiel à l'éducation à la citoyenneté démocratique.

Il est cependant regrettable qu'aujourd'hui encore dans de nombreux pays l'éducation civique traîne le pas, fait d'autant plus malheureux que c'est par le biais de cette éducation qu'une sensibilisation aux objectifs et aux contenus d'instruments juridiques visant la lutte contre les discriminations à l'égard des femmes peut être le mieux assurée. Les hésitations de certains États à mettre en place des programmes dans ce domaine ont par ailleurs incité des associations de femmes à développer des modules d'enseignement basés sur la Convention et d'autres instruments juridiques. À large échelle, il nous faudrait cependant des programmes adaptés en conséquence ainsi qu'une formation appropriée des éducateurs. À cet égard, les femmes devraient jouer un rôle primordial.

La situation est si préoccupante que si les femmes ne se donnent pas des moyens sérieux de sensibilisation et d'intervention sur tous les plans, la discrimination à l'égard des femmes se poursuivra. Il est donc évident, nécessaire et indispensable d'intégrer de façon pleine et entière la Convention dans les programmes d'études à l'école. Et c'est dès l'âge préscolaire qu'une éducation aux droits des femmes devrait débuter. Cela étant, les coûts relatifs à cette éducation ne doivent pas constituer des difficultés insurmontables ni un prétexte à l'inaction. Quelqu'un l'a déjà dit: «si on trouve que l'éducation coûte cher, on peut toujours essayer l'ignorance».

Il faudrait également trouver les voies et les moyens pour que les États favorisent la connaissance de la Convention en milieu rural car les femmes représentent près de 70% de la main-d'oeuvre agricole. Cette éducation paraît d'autant plus importante que de nombreux programmes d'alphabétisation ne tiennent pas compte de l'éducation aux droits des femmes.

Aux connaissances à acquérir, il convient de prendre également en considération les attitudes et les comportements à développer pour que l'éducation à la citoyenneté soit intégrée dans l'ensemble des dimensions de la vie humaine. C'est ainsi qu'il importe de cultiver l'acceptation de l'autre, la tolérance ainsi que le regard critique face aux préjugés, coutumes et traditions.

Citoyenneté démocratique et droits de la femme sont intimement liés. Ce sont des aspects indispensables d'une éducation soucieuse d'assurer l'égalité et la justice pour tous ainsi que le développement harmonieux de toute société.

Maïmouna Tankoano est membre du Mouvement burkinabé des droits de l'homme, Ouagadougou, et correspondante de l'EIP-Burkina-Basso.

  

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