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Vues d'Afrique n° 2

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Droits de la femme en Afrique et mutilations sexuelles

par Issa Boubacar Camara


 

I. Introduction

La pratique de l'excision et de l'infibulation des femmes africaines est un fléau qu'il est d'urgent d'éradiquer.

L'Organisation Mondiale de la Santé a estimé qu'en Afrique sub-saharienne, entre 80 et 100 millions de femmes ont subi une excision et près de 15 millions d'entre elles ont en outre été infibulées.

Ces pratiques ont des conséquences dramatiques pour les jeunes filles: infections permanentes avec parfois des hémorragies, septicémies, tétanos et rétention d'urines, s'il y a infibulation. À long terme, des complications peuvent apparaître et, dans de tels cas, ces femmes risquent d'être abandonnées par leur mari, voire par leur famille.

II. Le droit de la femme à la santé

La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (1979) impose aux États parties de déterminer les risques auxquels les femmes sont exposées sur le plan de la santé. Ils doivent mettre en place les moyens nécessaires pour la lutte contre les risques, promouvoir leur état de santé et restaurer leur dignité.

Aussi, devons-nous tout mettre en oeuvre pour faire disparaître ces pratiques de mutilations sexuelles en Afrique. Et pour cela, des actions concrètes doivent être entreprises immédiatement.

La toute première de ces actions, c'est la diffusion de l'information non seulement sur ces pratiques, leur envergure, mais aussi et surtout sur les risques qu'elles font courir aux femmes. Les familles, les praticiennes des excisions, les leaders d'opinion et les autorités religieuses sont tous concernés.

Le soutien des services sanitaires, judiciaires et administratifs, des ONG et des médias apparaît comme essentiel. Ils doivent être à même de disposer de renseignements et de statistiques sur la gravité et l'ampleur des pratiques mutilantes en vue d'illustrer leurs interventions, d'éduquer les populations, de faire appliquer la loi et de veiller à l'application effective des instruments internationaux ratifiés par les États.

Des législations non appliquées ou mal interprétées sont légion dans ce domaine en Afrique, malgré les engagements et autres actes pris par nos États au sein des instances internationales. Il est plus que jamais essentiel d'insister sur la nécessité de mettre en évidence et d'appliquer la règle du droit garantissant la protection des individus, des femmes en particulier. La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, entrée en rigueur le 3 Septembre 1981, stipule, en son article 5, que «Les États Parties prennent toutes les mesures appropriées pour : Modifier les schémas et modèles de comportement socioculturel de l'homme et de la femme en vue de parvenir à l'élimination des préjugés et des pratiques coutumières, ou de tout autre type, qui sont fondés sur l'idée de l'infériorité ou de supériorité de l'un ou l'autre sexe ou d'un rôle stéréotypé des hommes et des femmes».

L'importance et l'ampleur de ces pratiques traditionnelles néfastes ont fait que les pays africains ont été interpellés, ce qui a suscité des rencontres sous-régionales, régionales et internationales. Il est sorti de ces réunions la création, en 1984, d'un Comité Inter-Africain (CI/AF), qui a pour objet de se pencher sur la question et de trouver les voies et moyens d'enrayer ces pratiques. C'est ainsi que chaque pays participant devrait créer un Comité qui aurait pour objectifs essentiels de :

    -sensibiliser l'opinion publique sur les conséquences médicales, sociales et économiques de certaines pratiques traditionnelles auprès des femmes et des enfants ;
    -participer à la recherche des voies et moyens pour promouvoir la santé des femmes et des enfants ;
    -promouvoir les pratiques traditionnelles positives.

III. Conclusion

La résolution des problèmes de santé des femmes liés à la culture, à la coutume, aux habitudes a certes besoin de traités, de cadres juridiques; mais ce qu'il faut surtout, c'est faire en sorte que les dispositions de ces traités soient appliquées au quotidien. C'est à ce prix seulement que nous contribuerons à l'élimination de ces pratiques néfastes et pleines de danger pour la femme en particulier et la société dans son ensemble.

Issa Camara Boubacar est le correspondant de l'ÉIP-Niger

  

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